La propagation de la pauvreté ne diffère que trop peu de celle d’un virus. En effet, deux parents séropositifs donnent difficilement naissance à un bébé de sain état sérologique. De même, une famille (ménage) pauvre d’en moyenne 8 enfants donnerait potentiellement naissance à 8 futurs pauvres ménages au cours de la génération suivante.
L’analyse sociologique relèverait des cas possibles de mobilité sociale soit par hasard soit par mariage (un clochard peut gagner le gros lot à la Loterie, des princes qui peuvent épouser des manucures, etc.). Mais, ces éventualités ne sont que trop peu fréquentes dans notre société africaine.
Prenons un cas concret d’un badaud rencontré au quartier Virunga et interviewé par l’œil de l’économiste :
Son nom est Grâce. A 13 ans déjà, une énigme pèse sur sa destinée. Contraint de suspendre sa scolarité, il a entrepris le colportage d’eau en ville de Goma, depuis juillet dernier.
Chaque jour, il transporte 72 bidons de 20 litres d’eau douce sur un vélo considérablement amorti qu’il s’est procuré à tempérament.
Cette classe des travailleurs manuels dans laquelle basculent nombreux enfants de son âge, a des fortes chances de l’accompagner jusqu’à la fin de ses jours. Sauf un cas exceptionnel de mobilité sociale, bien entendu.
Il en est de même, des enfants de provenance familiale bourgeoise qui ont des risques importants de se constituer, dans l’avenir, des ménages du même niveau économique. D’une pauvreté, naîtrait donc une autre, plus sérieuse cette fois. Comme qui dirait, « l’eau va toujours à la rivière ».
Ainsi, combattre trop tôt et efficacement la pauvreté est un impératif qui gêne la propagation de celle-ci aux générations à venir.
Wassy MUSORONGI
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